Le bonheur est sur le toit La surélévation raisonnée

de François Pélegrin juillet 2021

De nos jours, une surélévation en centre-ville n’a aucun sens si elle n’est pas accompagnée d’une rénovation énergétique au profit des copropriétaires et, par rebond, au profit de la collectivité. Elle n’est pas une fin en soi mais une réponse à une problématique exprimée par des copropriétés.
La surélévation située au 5 rue du docteur Potain dans le 19e arrondissement a été la première éco-surélévation en copropriété de Paris, 100 % auto-financée.

L’immeuble, construit en 1920, était un ancien hôtel avec toilettes sur le palier et trente chambres, composé d’un R+5 avec un toit plat non utilisé.
Comme beaucoup d’immeubles à Paris, le bâtiment était vétuste, la peinture des parties communes craquelée, les anciennes fuites d’eau ont laissé leurs marques aux plafonds, le réseau d’eau est d’époque, la chaudière à bout de souffle, sans compteur d’eau individuel. Le cas typique d’un immeuble centenaire, fatigué.

Le montant de la rénovation de l’immeuble a été évalué à plus de 600 000 euros et les trente copropriétaires n’avaient pas les moyens d’engager de telles dépenses. Les majorités étaient alors impossibles à obtenir lors des assemblées générales, augmentant de fait la facture d’année en année.
Le non-entretien de l’immeuble a généré des charges mensuelles exorbitantes d’une moyenne de 140 euros par mois par studio, incompréhensible pour un immeuble sans ascenseur.

Le projet, confié à l’Atelier Parisien de Surélévation consistait à créer trois étages, six appartements, un toit terrasse, mais aussi à la rénovation et l’extension de l’ancienne loge de la gardienne dont le produit de la vente a été 100 % réinjecté dans les travaux. Le tout à réaliser en milieu habité.
L’architecte missionné, Armel Joly, a obtenu une dérogation autorisée par la Loi Duflot pour générer la création des trois niveaux. Les travaux réalisés furent à l’image de ce projet ambitieux : création et renforcement de nouvelles
fondations, remplacement de la chaudière à gaz, installation d’un ascenseur, isolation par l’extérieur des façades rue et cour, remplacement de l’intégralité des fenêtres de l’immeuble, de tous les radiateurs, pose de VMC dans chaque lot, rénovation de la cage d’escalier dont la disparition des toilettes interpaliers, mise aux normes des nouveaux réseaux et des règles incendie.

La nouvelle construction a apporté également un toit aux dernières normes mettant fin à un immeuble identifié comme une passoire thermique. L’impact des nouveaux tantièmes ainsi créés a permis la réduction des charges générales de 30 %. De plus, l’efficacité énergétique des travaux réalisés a apporté une réduction complémentaire permettant in fine, de diviser les charges par trois, passant de 140 euros à 45 euros par mois et par studio.
L’opération a été gagnante pour les copropriétaires car l’immeuble a été entièrement rénové, mais aussi la valeur de leurs actifs a considérablement augmenté sans aucun investissement préalable. Cela a aussi été un geste écologique, citoyen.

La surélévation en milieu habité et auprès des copropriétaires reste l’apanage de rares spécialistes car les contraintes techniques, administratives et financières ne permettent pas la moindre erreur. Le projet était à la hauteur des enjeux et des attentes des copropriétaires dont le témoignage du président du Conseil syndical peut être visionné sur notre site www.ap-surelevation.com ou sur notre chaîne YouTube.


« Comment sauver une copropriété parisienne qui se trouvait engagée dans la spirale de l’échec ? Cet exemple montre clairement qu’aucune cause n’est jamais perdue.
La surélévation de 3 étages, dans la continuité de la façade existante, a permis de financer la réhabilitation thermique de l’ensemble et d’apporter des éléments de confort : ascenseur,
VMC, changement de la chaudière, remplacement des radiateurs, ainsi qu’une diminution sensible des charges. La nouvelle image architecturale contribue à la revalorisation globale de tout l’immeuble
en donnant à cet immeuble de 1920 les performances proches de celle d’un immeuble neuf. »
F. Pélegrin